Les Trans et Les Catherinettes : la prévention des violences sexuelles et sexistes sur le festival

18.11.2021

Les équipes des Trans ont été sensibilisées cette année aux violences sexistes et sexuelles au travail et en milieu festif, et accueillent sur le temps du festival des équipes dédiées à la prévention et à l’accompagnement de victimes. Rencontre avec Anna Mérigeaux, qui accompagne Les Trans avec l’association Les Catherinettes.

C’est quoi Les Catherinettes ?

« C’est une association qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles en milieu festif, on travaille principalement avec les festivals de musique, ainsi qu’avec quelques salles.
On s’est créé en pleine pandémie en 2020, pendant le premier confinement, on avait un peu plus de temps (rires). J’avais rédigé un mémoire sur les violences sexistes et sexuelles en 2017 et travaillé avec d’autres personnes sur la campagne Ici c’est cool. Les Catherinettes, c’était une suite logique : on a proposé un projet avec le Hellfest et à partir de ça on s’est dit qu’on allait créer une association. On travaille donc à l’échelle nationale avec le Hellfest, les Z’Eclectiques, au Foin de la Rue, Woodstower, La Fiesta des Suds… Le siège social est à Nantes et une grande partie de nos équipes viennent de Nantes et également un peu de Rennes. »

En quoi consiste votre action ?

« Notre démarche se concrétise avec deux types d’actions : on considère qu’avant de mettre des choses en place pour les publics, il faut que les structures soient en capacité de lutter contre les violences sexistes et sexuelles en interne. Aussi, on démarre toujours par des formations des équipes. Si on ne fait pas ce travail-là, on devient vite une caution féministe. Et on estime qu’une structure ne peut pas proposer des choses aux publics si elle ne maîtrise pas totalement le sujet. Donc on fait des formations, on accompagne dans la création d’outils, notamment des documents internes, des procédures de signalement et des protocoles de sécurité.

Le deuxième temps, c’est le travail de terrain, où on va faire de la sensibilisation. On a des jeux pour sensibiliser autour du consentement, de la question des violences sexistes et sexuelles, mais aussi des questions de racisme, de LGBTophobie, de grossophobie, de validisme, etc. Sur place, on assure aussi un point d’écoute pour accueillir d’éventuelles victimes, pour qu’on puisse bien les accueillir et ne pas les laisser dans la nature, et on peut aussi les accompagner ensuite. »

Tu parlais des formations — il y en a d’ailleurs eu une qui s’est faite avec l’équipe élargie des Trans il y a quelques mois. Peux-tu revenir dessus ?

« Au sein des équipes des Trans, on a formé une quarantaine de personnes sur deux journées en mars-avril. La formation en elle-même dure une journée complète. L’idée, c’est que tout le monde ait le même socle de connaissance ; tout le monde ne sera pas investi de la même manière sur le sujet dans l’asso, mais cela permet de créer une politique interne sur ces questions-là.

La matinée était principalement destinée à identifier ce que sont les violences sexistes et sexuelles, de donner le cadre légal et ensuite de faire un focus sur ces sujets dans le cadre du travail, soit principalement le harcèlement sexuel, et donc d’expliquer les modes d’action dans ces cas-là. L’après-midi, ce sont des exercices et des mises en situation pour le focus sur le terrain et les moyens de réagir auprès des publics, ce qui peut être mis en place, quelles sont les méthodes qui existent aussi dans le quotidien pour lutter contre le harcèlement de rue par exemple.

L’objectif derrière, c’est qu’on puisse démarrer le travail de création des outils. Le protocole de sécurité, c’est vraiment à destination des équipes de sécurité et de régie. Ça nous permet de savoir comment on peut travailler ensemble sur le terrain. Ce document est transmis majoritairement aux équipes techniques. »

Est-ce qu’il y a des spécificités à prendre en compte sur chaque festival ?

« On va identifier ensemble quelles sont les zones à risque, s’il y a des précédents, ça dépend beaucoup du festival et de ses spécificités. Sur les festivals avec un camping par exemple, on va avoir une présence 24/24, donc ce n’est pas le même investissement en nombre de personnes et en temps sur place.

Pour les Trans Musicales, on sera une douzaine par soir. On a notre équipe en fixe dans le Hall 5, on va plus être dans la partie sensibilisation et accueil avec un point d’écoute.
Ensuite, on a identifié différentes zones pour faire nos maraudes, parce qu’évidemment la soirée ne s’arrête pas au Hall 5, il faut qu’on ait une présence sur tout le festival et qu’on arrive à être identifié•es. On sera repérables grâce à des vêtements avec les logos des Catherinettes. C’est vraiment un enjeu pour cette première année car les gens ne nous connaissent pas encore, il est important que les personnes nous identifient et qu’elles comprennent qu’elles peuvent venir vers nous. »

Quel est le message à faire passer pour quelqu’un qui est témoin d’un problème ?

« S’ils sont témoins ou victimes, ils peuvent venir nous voir dans le Hall 5. Ils peuvent toujours aller voir une personne de la sécurité ou des personnes des bars qui appelleront la sécurité, nous sommes en lien avec eux.
Le rôle de la sécurité, c’est de stopper une situation d’agression ou de harcèlement ; le fait de séparer ne suffit pas, on vient vraiment compléter le travail que font la sécu et les secouristes en apportant ce point d’écoute et cette connaissance dans le domaine des violences sexistes et sexuelles. »

Retrouvez Les Catherinettes tous les soirs au Parc Expo dans le Hall 5, ainsi qu’en maraude dans tous les halls.