Crock of Gold : un documentaire musical sur Shane MacGowan

23.11.2021

Dans le cadre de ses rendez-vous mensuels au cinéma Arvor, l’association Clair Obscur propose, en partenariat avec Les Trans, une projection du documentaire inédit en France réalisé par Julien Temple sur l’artiste irlandais Shane MacGowan, ce jeudi 25 novembre à 20h15.

Auteur-compositeur-interprète transcendant et poète de rue dont le comportement d’ivrogne notoire, les dents abîmées et les excès alimentés par la drogue ont souvent menacé d’éclipser sa réputation d’interprète, Shane MacGowan est né le jour de Noël 1957 dans le Kent, en Angleterre. Quelques mois après, sa famille retourne dans son Irlande natale, où il passe les premières années de sa vie, immergé dans la culture irlandaise et les musiques traditionnelles du pays, mais aussi en contact étroit et précoce avec le tabac, l’alcool et la religion.

London Calling

A l’âge de six ans, il déménage à Londres ; là, ses talents d’écrivain se révèlent progressivement et il remporte plusieurs concours de poésie avant d’être renvoyé de l’école à l’âge de 14 ans pour possession de drogue. En 1976, il assiste à son premier concert des Sex Pistols et devient rapidement un habitué des concerts punk locaux ; il forme alors rapidement son propre groupe, Nipple Erectors (rebaptisé ensuite The Nips).

 

Bien qu’ils trouvent un mentor et un producteur dans la personne de Paul Weller (du groupe The Jam), les Nips échouent et le groupe est dissout à la fin de l’année 1980. MacGowan occupe ensuite un emploi dans un magasin de disques, faisant des remplacements occasionnels dans The Millwall Chainsaws, le groupe de son ami Spider Stacy.

The Pogues

Lorsque les Chainsaws se séparent à leur tour, MacGowan et Stacy forment The Pogues — initialement nommés Pogue Mahone (une sorte d’équivalent phonétique en langue gaélique de l’expression “kiss my ass”) avec l’accordéoniste James Fearnley, la bassiste Cait O’Riordan, le guitariste Jem Finer et le batteur Andrew Ranken. Jouant une forme de folk irlandais rythmé par l’énergie et la passion du punk, The Pogues devient rapidement l’un des groupes les plus respectés de son époque, avec un certain nombre de hits au Royaume-Uni, dont A Pair of Brown Eyes et Fairytale of New York mais aussi des albums marquants comme Rum Sodomy & the Lash produit par Elvis Costello en 1985 et If I Should Fall from Grace with God de 1988.

Cependant, alors que les histoires sur l’appétit vorace de MacGowan pour l’alcool et les drogues prennent des proportions mythiques, il devient de moins en moins fiable, manquant souvent des performances live (notamment une série de dates en 1988 en ouverture de concerts pour Bob Dylan). À l’automne 1991, les autres Pogues en ont finalement assez et il est renvoyé du groupe. Alors que le problème d’alcool de MacGowan s’aggrave, beaucoup craignent pour sa vie. A part un duo en 1992 avec Nick Cave sur What a Wonderful World, il reste assez silencieux pendant plusieurs années, ne faisant qu’occasionnellement des concerts ou des apparitions à la télévision – souvent ivre.

 

The Crock of Gold

En 1994, Shane MacGowan se ressaisit et forme un nouveau groupe, The Popes. Après avoir fait ses débuts à la Saint-Patrick dans un pub londonien, le groupe entre en studio pour commencer à enregistrer son premier album, The Snake. L’album suivant de Shane MacGowan & The Popes sort fin 1997 et il s’intitule The Crock of Gold. C’est à la fois le dernier album studio de MacGowan à ce jour et le titre du remarquable documentaire réalisé par Julien Temple, qui nous donne aujourd’hui la possibilité d’entrer dans l’histoire d’un artiste souvent caricaturé au regard de son intelligence, de son humour et de la tendresse qu’il inspire.

 

Shane à Rennes

Quelques mois avant son exclusion du groupe, Les Trans faisaient venir les Pogues à Rennes pour un concert à la Salle de la Cité, le 29 juin 1991. Le directeur artistique des Trans Jean-Louis Brossard se souvient que le groupe avait demandé une télévision en loge pour pouvoir suivre un match de foot d’une équipe irlandaise… mais aussi que l’alcool était effectivement un compagnon de route pour Shane tout au long de la journée et de la soirée, ce qui ne l’avait pas empêché de faire un très bon concert. Et de finir au petit matin au comptoir d’un bar en face de la gare, à signer des autographes aux quelques personnes qui savaient qu’ils n’avaient pas ici affaire à un ivrogne local mais à un poète irlandais en tournée !

Crock of Gold, de Julien Temple, au cinéma Arvor le jeudi 25 novembre à 20h15.

Titre original : Crock of Gold : A Few Rounds with Shane MacGowan
Irlande / Royaume-Uni, 2020, 2h04, VOSTFR
Documentaire musical — Inédit en France

Présentation du documentaire :

Périple cinématographique dans la vie de Shane MacGowan, leader des Pogues, le film de Julien Temple (produit par Johnny Depp) détaille l’existence explosive de Shane, de sa jeunesse en Irlande aux rues mal famées de Londres, jusqu’à la scène punk. Nous découvrons les passions de MacGowan, son humour et sa profonde connaissance de la musique, de l’histoire, de la spiritualité et de la culture populaire…