Retour aux sources : Personal Trainer

07.04.2023

Willem Smit, tête pensante du septet hollandais, commente la playlist de ses inspirations. Des choix personnels et entraînants.

Down on Loving, extrait de l’album The Soft Pack (2020), par The Soft Pack

J’ai découvert ce groupe en 2010 grâce à une pub aux Pays-Bas pour une marque de bière qui utilisait leur chanson Answer to yourself. On entendait ce morceau partout au cinéma et à la télé. Je devais avoir 14 ou 15 ans. J’ai écouté leur album et je l’ai trouvé vraiment cool. J’aimais bien ce genre de musique instinctive et énergique, où rien ne semble forcé. Pour moi, c’est très rock’n’roll. Gamin, j’adorais déjà dans le même genre le premier album des Arctic Monkeys et les disques de Pixies. Des trucs assez bruyants et relâchés. Une musique qui semble faite par des gens normaux. Il faut croire que ça m’a collé à la peau. C’est ce qu’on propose d’une certaine manière aujourd’hui avec Personal Trainer. J’ai choisi cette vidéo live, même si le son n’est pas très bon et qu’on entend le bruit des vagues, car on perçoit bien le côté détendu de The Soft Pack. Le chanteur ne reprend pas les paroles de l’enregistrement original. Il balance des mots qui riment ensemble. Et c’est juste super. Ça m’arrive aussi souvent sur scène. J’essaye d’être dans le moment.”

I Celebrate My Fantasy, extrait de l’album The Big Exercise (2020), par The Homesick

”The Homesick est un groupe hollandais originaire de Dokkum, une des villes les plus septentrionales du pays. J’ai débuté dans la musique à peu près en même temps qu’eux, vers l’âge de 14 ans, avec un groupe qui s’appelait Palio Superspeed Donkey. On est devenus amis. Moi, j’étais intéressé par The Soft Pack, Arctic Monkeys, eux, c’était plutôt Jesus and Mary Chain, Fleet Foxes. Leur deuxième album, The Big Exercise, sorti sur le label Sub Pop, est incroyable. Il a changé ma façon d’envisager la composition. J’étais un peu bloqué dans une vision musicale basée sur des guitares puissantes. La variété des influences que l’on peut entendre sur The Big Exercise, l’utilisation de l’acoustique notamment, m’ont amené à polir et à élargir mon spectre sonore.”

Try a little tenderness (live in London, 1966), par Otis Redding

J’ai entendu cette chanson pour la première fois dans une scène très drôle du film Rose Bonbon (Pretty in Pink, en VO, 1986). Je devais avoir 12 ans. Quelques années plus tard, vers 16 ans, on m’a fait écouter la version live à Londres de Try a little tenderness. L’énergie d’Otis Redding est très intense. Il quitte la scène puis revient. Il n’arrête pas de répéter le refrain. C’est totalement fou. Sur notre album, je me suis fortement inspiré de la progression d’accords de Try a little tenderness pour la chanson Milk. Le début est un peu lent puis le morceau se termine de manière forte et dramatique. En ce qui concerne la performance d’Otis Redding, j’essaye moi aussi de donner le meilleur en concert. J’oublie l’appréhension que je ressens normalement quand je suis dans une pièce avec des gens. Je ne suis pas aussi ouvert dans la vraie vie que sur scène.”

Heaven (live 2012), extrait de l’album Never (2012) par Micachu & The Shapes:

C’est ma copine qui m’a recommandé Micachu & the Shapes. Elle n’arrêtait pas de m’en parler alors j’ai fini par écouter. J’ai été époustouflé. Leur premier album, Jewellery, est l’un de mes disques préférés. Il possède quelque chose d’instinctif. On a l’impression que ça sort sans filtre, directement, même si ce n’est probablement pas le cas. Tout est certainement très réfléchi, mais ça semble un peu bancal comme j’aime. Mica Levi propose quelque chose d’unique, avec ses guitares bizarres et saccadées. C’est à la fois simple et complexe, ça ressemble à de la pop. Il y a des groupes dont je peux imiter le style d’écriture, mais Micachu & The Shapes c’est impossible. C’est ce qui rend cette formation encore plus inspirante. Leur musique part de l’intérieur. Ils semblent hermétiques aux influences extérieures.” 

Acid, Charlotte, The City (Live 2021), par Jockstrap

Jockstrap est composé de Georgia Ellery et Taylor Skye. Georgia a joué avec le groupe Black Country New Road que j’apprécie beaucoup. Quand j’ai entendu ce duo britannique pour la première fois, j’ai été complètement émerveillé. On sent qu’ils font la musique qu’ils aiment. Ils brassent des influences diverses mais le résultat est unique. Ce sont des musiciens extraordinaires. Ils m’ont vraiment emmené vers d’autres sphères sonores et cela m’invite à essayer de nouvelles choses. Je suis extrêmement ému par la voix de Georgia. Et cela ne m’arrive pas souvent. Elle est très  juste, avec un caractère très spécial. Elle est un peu nasale, un peu lointaine. Je la trouve vraiment très émouvante. Tous les deux ont aussi l’air d’être des gens très drôles. Leurs paroles sont un peu bizarres. Je ne les ai jamais croisés. Je suis très nerveux à l’idée de rencontrer des gens dont j’aime vraiment la musique. Il faudrait que je les vois au moins trois fois avant d’oser leur adresser un seul mot.”

Personal Trainer est en concert le vendredi 19 mai à l’Ubu, à partir de 20 heures