Retour aux Sources : Fakear

11.03.2022

Sous le pseudo de Fakear, Théo Le Vigoureux produit une musique électronique luxuriante, inspirée notamment par les bruits de la nature. A l’occasion de son DJ set à l’Ubu dans le cadre du Club Nowadays, le compositeur révélé lors des Trans Musicales 2013 rebrousse chemin vers ses premières influences musicales.

On découvre souvent les artistes sur scène, sur album ou dans un clip. On peut aussi apprendre à les connaître autrement, en s’intéressant aux groupes et aux morceaux qui les inspirent ou les ont inspirés, et qui sont même parfois à la source de leur cheminement musical.

L’album Deep Forest (1992) de Deep Forest

 

« C’est un album que mes parents, profs de musique, me faisaient écouter quand j’étais petit. Il n’a cessé depuis de m’accompagner. Ces musiques du monde façon new age me catapultaient dans des ambiances oniriques, des contrées imaginaires. Je les utilisais comme bande-son quand je jouais avec des figurines. Deep Forest, c’est ma « madeleine de Proust ». J’étais attiré par l’émotion pure que dégage cette musique. C’est un point commun avec le projet Fakear. Je ne suis pas un grand technicien, ni un grand producteur, je suis surtout guidé par l’émotion. J’ai contacté Eric Mouquet, qui est seul aux manettes de Deep Forest désormais. L’année dernière, je l’ai retrouvé en studio et nous avons fait du son ensemble en prévision de mon nouvel album. C’est un homme toujours hyper-curieux. Il est une sorte de maître Jedi. »

Opinion (1990/2004) de Nirvana

 

« A la fin du collège, je tombe sur Nirvana par l’intermédiaire d’un copain. Un coup de foudre. Je deviens un fan absolu du groupe. Je lis tout sur Kurt Cobain et j’adopte son look. J’aimais la mentalité, cette envie de casser les normes, ce côté sale revendiqué, presque punk. Cela tient sans doute à mes parents, positionnés très à gauche. Nirvana correspond bien à mon état d’esprit de l’époque. J’avais usé les albums du groupe quand sort en 2004 le coffret d’inédits When The Light Outs. J’aime bien Opinion. Ce titre acoustique dure seulement une minute trente. Une guitare un peu fausse, un chant nonchalant, un message profond… Pour moi, c’est toute l’essence du grunge. »

Echoes (1971) de Pink Floyd

 

« J’arrive au lycée. Nouvel établissement, nouveau groupe d’amis qui écoutent du rock progressif. On me fait comprendre qu’avec mon style grunge je ferais mieux de me pencher sur Pink Floyd… Je prends une claque. Chez Pink Floyd, ce qui me plaît, c’est l’attitude. Aller à l’encontre des conventions, des morceaux formatés. Le groupe a un côté mystique, spirituel. Je jouais déjà de la basse et c’est en écoutant le jeu bouleversant de David Gilmour que je décide d’empoigner la guitare. Je l’ai vu en concert. J’ai aussi assisté au spectacle The Wall de Roger Waters, à Bercy. La musique de Pink Floyd est toujours très présente. Elle possède tellement de profondeur. »

Karmacoma (1994) de Massive Attack

 

« Je suis en Terminale. Fin de ma période psychédélique. Je me coupe les cheveux, j’arrête de porter des sarouels. Je découvre la scène trip hop de Bristol et de Londres : Portishead, Morcheeba, Archive, Massive Attack… Je vois en eux des héritiers de Pink Floyd avec des morceaux qui prennent leur temps, avec différentes couches de sons, un message politique. Je fais un pas vers la modernité. Massive Attack a toujours eu un temps d’avance. Dans Karmacoma, on entend des chants gutturaux tibétains, de l’électro, du dub… J’essaye de décrypter tout ça. Cela correspond au moment où je commence à faire de la musique tout seul et à composer sur ordinateur. »

L’album Black Sands (2010) de Bonobo

 

« La scène trip hop m’entraîne vers les productions du label Ninja Tunes et notamment Bonobo. Au lycée, avec mon ami Superpoze, on se dit que son album Black Sands nous ouvre une voie. On comprend alors qu’il est possible avec notre bagage de musicien de proposer une électro dansante. Je programmais des choses à la Archive, un peu froides et rectilignes. Bonobo me fait basculer dans quelque chose de plus organique avec l’utilisation de voix japonisantes. Il me permet de résoudre un casse-tête : parvenir à concilier world music et électro. Fakear est l’enfant démoniaque de Deep Forest et de Bonobo. »

Fakear est en DJ set à l’Ubu le samedi 26 mars dans le cadre de la soirée Club Nowadays, avec Grand Soleil et oOgo.