UBU, EARLY YEARS : David Peel & The Lower East Side

05.06.2020

Ubu, Early Years est une exposition créée à l’occasion des 30 ans de l’Ubu en 2017 : une photo d’un artiste programmé dans les premières années du club illustre un témoignage de Jean-Louis Brossard, son directeur artistique. On retrouve ici David Peel & The Lower East Side, qui avait joué à l’Ubu le 1er décembre 1995 pour les 17e Rencontres Trans Musicales.

David Peel est un chanteur qui vient de New York. J’avais acheté ses disques à la fin des années 60. Son premier album, il l’a enregistré dans la rue, et c’était la première fois que quelqu’un faisait ça. C’était un groupe plus ou moins acoustique où ça braille pas mal, tout le monde fait des chœurs et ça ne parlait que de marijuana. Le deuxième album est beaucoup plus électrique et c’est mon préféré, et le troisième a été signé sur le label Apple, le label des Beatles, parce que John Lennon était un gros fan.

“Son premier album, il l’a enregistré dans la rue, et c’était la première fois que quelqu’un faisait ça”

Pour le faire sur les Trans 1995, j’avais trouvé le contact. À l’époque, il n’y avait pas les portables, le gars n’avait pas de fax, et il fallait l’appeler chez lui. Il était complètement sourd, il hurlait au téléphone. Le mec était cinglé, il nous a fait des plans pas possibles, mais ça a fini par se faire, et il est venu avec un jeune groupe, ils avaient vingt balais alors que lui en avait plutôt 55. Je l’ai fait jouer à l’Ubu, et le concert était chouette. Évidemment, il avait perdu un peu de sa mémoire, alors il avait tous ses textes écrits devant lui quand il chantait ses chansons.

Après on s’est retrouvé au Parc où on faisait la première Planète. Il était resté au bar VIP avec TV Smith, un musicien anglais qui a été membre de The Adverts, un des premiers groupes punk de la fin des années 70. David Peel donnait les textes de ses morceaux et TV Smith en voulait un. David Peel tendait son papier à TV Smith qui le prenait mais David ne le lâchait pas, ils sont restés peut-être 25 minutes comme ça. David Peel continuait dans son délire de parlotte et l’autre n’en pouvait plus. David, quand il était parti à discuter, c’était un one-man-show, c’était un dialogue où il était le seul à parler, il n’y avait personne en face. Le personnage m’a toujours intéressé, il était complètement fou.”